Elèves assistants du CDI

Faire participer activement les élèves à la gestion du CDI

Article mis en ligne le 4 septembre 2023

par Béatrice Wauters

Les élèves assistants du CDI

Faire participer des élèves à la vie du CDI (gestion, médiation, ouverture culturelle, projets d’aménagement du CDI). Avez-vous déjà animé un tel club ? Si oui, comment ? C’est la question lancée par Timothée Mucciutti à laquelle plusieurs collègues ont répondu.
Merci aux collègues qui ont accepté de témoigner et de partager avec vous leurs réponses inspirantes, innovantes, collaboratives et toujours formatrices !

TEMOIGNAGE 1 : Elsa Flore-Thébault - collège Les Champs (42)

Depuis combien de temps as-tu mis en place ce système d’implication des élèves dans la gestion du CDI ?
"Je le fais depuis quelques années. ça évolue, c’est vivant, c’est prenant, c’est riche et c’est parfois fatiguant mais toujours intéressant.

Le CDI fonctionne plus comme un tiers-lieu. J’apprécie que les élèves s’emparent du lieu en le respectant et en l’adaptant à leurs besoins. Cela implique pour moi de la malléabilité, mais ça c’est pas un problème. Cela implique de la patience, de la remise en question, de l’ouverture d’esprit (pour moi, pour mes collègues et pour les élèves)."

Peux-tu nous indiquer les objectifs et nous expliquer les modalités pratiques ?

  • Temporellement :
    "En septembre-octobre, les élèves se font connaître s’ils ne le faisaient pas l’année précédente et de même s’ils le faisaient l’année d’avant. Je les forme, les anciens forment les nouveaux, des anciens arrêtent car moins de temps. C’est donc qqch de fluctuant d’une année à l’autre.
    En novembre les élèves qui ont bien adhéré au fonctionnement, qui respecte et font respecter les règles ont un badge d’assistant du CDI et sont donc identifiés par les autres.
  • Techniquement :
    Ces différentes tâches sont bien pour mobiliser leurs compétences sociales, parler aux autres, savoir questionner et formuler une demande ou une réponse.
    Je suis souvent pas loin pour reprendre si besoin, accompagner
    Le rapport entre les élèves est intéressant.
    Le comportement des élèves est pris en compte et ils le savent.

 > Ils gèrent / accompagnent le côté gestion du lieu côté humain :
L’appel (sur pronote ou sur cdistat en fonction), les réservations pour certaines heures au cdi ( mon emploi du temps change chaque semaine et les élèves peuvent réserver pour venir au CDI, pour effectuer un travail , pour un rendez-vous avec l’un d’eux on a remodelé le bureau pour positionner une zone accueil.
J’ai un second ordinateur pour laisser le mien accessible pour ces tâches.
Certains ont des appétences pour l’accueil, le dialogue.
Certains ont des appétences pour la surveillance, la tenue du lieu, le cadre et l’ordre.

 > Ils gèrent / accompagnent le côté bibliothèque :
les prêts, les retours, les réservations de livres
le rangement du chariot, du lieu
la réception des achats avec l’équipement des ouvrages : tampon, code-barre, (couverture pas trop, ils sont pas efficaces j’avoue)

 > Ils gèrent le CDI parfois. Quand je suis en salle informatique. Quand je dois aller au secrétariat. Ce n’est pas loin voire à côté. Et dans ce cas, je ne le fais qu’en fonction des élèves présents.

 > Ils participent à un atelier ambassadeur culture
Ils font des expositions de livres par thématique
Ils font la promotion de certaines actions
Ils sont force de proposition pour : la gestion du lieu / l’aménagement du lieu / les commandes
Ils m’ont parfois accompagné sur des séances pédagogiques (toujours très enrichissant et globalement efficace).

Je n’ai jamais appelé ça un club, ils se définissent comme prof-doc, mini-prof-doc, assistants.
Je valorise ceux qui sont sérieux, appliqués et réguliers sur les bulletins.
J’apprécie ce fonctionnement, ça peut parfois être contraignant, fatiguant, mais globalement c’est fonctionnel et intéressant dans leur formation de citoyen et à l’autonomie."

Sur quels moments formes-tu les élèves en début d’année ? Comment les formes-tu ? As-tu des mémos ou un livret du "cdiste" ? Le fais-tu de façon magistrale ?
"En fait c’est assez informel et au fil de l’année. Je sais qu’en début d’année j’implique ceux qui maitrisent et qu’une nuée d’élèves va être là. Je m’adapte aux élèves.
Ceux que je sens en capacité de former les autres je les missionne. Dans ce cas je me mets en retrait, j’observe, je reprends si besoin, je valide si besoin. Ces jours-ci par exemple certains sont venus me demander pour l’an prochain, on l’a fait donc tranquillement. Et ceux qui papillonnent ou sont pas fiables je leur dis qu’il leur faut grandir un peu et/ou je les mets en binôme. Histoire de ne pas déprécier mais être honnête.
Non pas de mémo, pas de livret. Plutôt un système qui correspondrait à de l’alternance en réalité.
Pas de façon magistrale, ça me correspond pas.
Je fonctionne beaucoup au dialogue, à l’observation. Donc plutôt au cas par cas. Mais ça c’est mon caractère."

Comment sont-ils identifiés par les autres usagers ? Ont-ils des badges ?
"Je leur demande, ils les emporte chez eux. J’ai fait des cartes, des autocollants, des tampons et on rajoute si besoin une face blanche. On plastifie et on met un cordon.
Ils écrivent nom et prénom et écrivent "assistant-e mme flore-thébault" "mini mme flore-thebault" "cdiste en formation"....

Programmes-tu des RDV réguliers avec tes élèves ? Si oui, sur quel moment ?
"L’idée est de faire participer les demi pensionnaires et les non demi pensionnaires... Un casse-tête... Alors j’ai un système particulier d’ouverture. Je suis, je pense sur-ouverte. Mon bureau est pris par les élèves, je me suis fait 2 bureaux parallèles pour travailler. Les élèves qui participent à ce système sont ceux qui ont des études régulières et/ou sont DP, mais je ne regarde pas ça. Les RDV réguliers c’est souvent eux qui les mettent. Ils ont des études régulières et sur ces études viennent se mettre à côté de moi et ça fait donc des rendez-vous informels. Ils sont à l’affut des arrivages de nouveautés, du courrier. Et mettent les équipements, tamponnent, gèrent le matériel qu’ils empruntent.
Il y a un tableau pour qu’ils s’inscrivent durant les périodes où ils sont trop nombreux (en gros de janvier à mars).
Pour certains on prend rendez-vous sur la pause méridienne ou une autre heure en regardant nos emplois du temps.
En fait c’est assez empirique et évolutif. Je demande du respect entre eux. Des fois certains ont besoin de cette action mais parfois ils se créent un groupe et prennent leur envol, d’autres les remplacent. Mais j’aime bien, ça colle bien à l’âge ado en évolution constante."

Qu’est-ce qu’un "ambassadeur culture" ?
"On emmène des élèves voir des spectacles au théâtre le soir. Ils font des affiches pour promouvoir et expliquer ce qu’ils ont vu.
C’est en construction, c’est pas encore totalement en place. Mais l’idée c’est d’avoir des élèves qui quand ils voient un spectacle puissent critiquer, argumenter et ne pas s’arrêter à l’avis du groupe par principe. On a 80 élèves qui ont participé aux spectacles et une vingtaine aux critiques.
Il faut qu’on arrive à le formaliser un peu plus.
Les cinémas vers chez nous font ça et c’est bien pour toucher un autre public avec les mots de leurs pairs. Ca se passe sur le temps libre des élèves entre le CDI et 2 salles de lettres."

TEMOIGNAGE 2

"J’ai toujours mis 2 élèves en responsabilité à mon bureau à chaque récréation, une équipe de 9 élèves, ça marche très bien, je pense perdre quelques livres mais on y gagne tellement en échange entre élèves, responsabilisation et on peut être plus disponible au milieu du CDI, plus coincé derrière l’écran. La cerise sur le gâteau c’est qu’en général ce ne sont pas de grands lecteurs, je vois assez souvent des élèves qui n’empruntent jamais mais qui ont envie de rendre service.

Quelques détails organisationnels :
 Deux fois par jour deux élèves se placent à notre bureau, donc il faut penser à ranger son bureau réel mais aussi fermer les messageries ou pronote que pourraient voir les élèves, j’avoue que j’ai du mal parfois, dans le feu de l’action.
 Parfois les élèves peuvent s’ennuyer (pas de prêt), donc je les autorise à regarder internet mais ni vidé ni jeux (c’est respecté). Parfois ils lisent ou font leurs devoirs, mais ils ne s’ennuient pas souvent.
 les réunions à 13h30 étaient possibles grâce à une heure blanche qui va disparaître l’an prochain. Donc je propose en général entre 12h30 et 13h25, les demi pensionnaires n’ont aucun souci, les externes nous retrouvent, ou se tiennent au courant (possibilité de faire des petits comptes-rendus de réunion avec du temps).
 Il vaut mieux éviter de prendre les jeunes 6eme car il y a des erreurs régulièrement. Il vaut mieux attendre un peu plus de maturité, et puis une relation un peu plus "naturelle" (les plus anciens sont en responsabilité face aux plus jeunes), mais il pourrait y avoir des exceptions si des 6eme sont particulièrement motivés. Mais après, il faut bien argumenter, les élèves peuvent être revendicatifs ("pourquoi vous avez pris lui et pas moi ?" etc), j’essaie d’être la plus juste possible (pas facile), je garde trace de toutes mes listes d’attente pour prouver aux élèves que je veille à cette justice.
 il y a des erreurs souvent concernant les réservations, souvent je repasse en retour les livres par sécurité une fois la récré finie, je découvre des livres mal retournés, pas tous les jours mais de temps en temps
 je leur confie aussi un rôle de facteur : j’écris les mots de retard et ils les font passer aux élèves qu’ils connaissent (sinon je passe par les PP), ils aiment bien mais c’est peut-être moins efficace pour que les livres reviennent effectivement... Je prime le plaisir de rendre service à l’efficacité
 par contre pour les formations de début d’année, je propose aux anciens de revenir pour former les nouveaux (de toute façon ce sont les anciens qui prêtent dès les 1ers jours, le temps que la nouvelle équipe soit formée en octobre), et ensuite superviser quelques jours (ce qui fait 3 élèves à mon bureau, juste au début), les anciens aiment bien passer ce relais, ils reviennent parfois s’il y a "abandon de poste" en cours d’année (sur l’équipe de 9 élèves, chaque année j’ai un ou deux arrêts).
 je n’ai aucun souci de recrutement, j’ai même chaque année une liste d’attente de 20 élèves environ (pas dès la première année parce qu’il faut que les élève soient témoins de ce rôle concrètement), et du coup je prends en premier ceux qui sont sur la liste d’attente depuis 2 ans, 1 an, en mixant garçons / filles et en refusant des élèves avec qui j’ai eu des soucis (mais ils ne se proposent pas, étrangement)
 la direction est très favorable, elle m’a poussée à réaliser une sorte de charte (PJ) pour officialiser, mais j’ai abandonné. Avant je marquais une compétence citoyenne sur Pronote mais j’ai arrêté, les élèves participent sincèrement, pas pour avoir des "bons points"

TEMOIGNAGE 3 : Caroline Mami - collège Ampère (69)

"J’ai depuis plusieurs années des "élèves superdocs" au CDI.
Ils tamponnent les livres neufs, rangent les retours, font des tables d’exposition thématique selon les périodes et alimentent les présentoirs.
Certains font les prêts et retours (ils adorent être à mon bureau et moi ça me permet de circuler dans le cdi pendant les récréations) sur une session bcdi limité en accès à la gestion du prêt.
J’ai des élèves de tous les niveaux, majoritairement des 6ème.
En début d’année je propose une réunion d’information et établis un planning hebdo ou chacun a une plage horaire impartie.
En général, je fais une 2ème session en janvier février, parce que certains arrêtent et d’autres veulent commencer.
C’est très pratique pour moi, les élèves sont ravie, au pire les livres ne sont pas rangés à leur place (on finit toujours par les retrouver) et les retours parfois mal fait mais c’est à la marge.
Je mets une appréciation dans le bulletin en parcours citoyen pour les élèves concernés.
Certains élèves ne s’adressent qu’à leurs camarades superdocs et jamais à moi..."

TEMOIGNAGE 4 : Ariane Delnord- collège Professeur Dargent (69)

"J’anime un club "Animer le CDI" qui me permet d’organiser ma gestion et mes événements avec les élèves, en club, une heure par mois (mais ensuite, les élèves viennent faire ce qu’ils ont à faire quand ils veulent)"